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Mort à l'OMC car rien ne l'arrête, les vautours en col blanc s'approprient la planète...
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15 octobre 2008

Eté indien

Mais qu’est ce que je fais là, assise nue sur mon lit à 8h et demi du matin, à avaler cette chair de banane qui me dégoûte ? J’imagine la scène, dans un film de taré du style Trainspotting ou Las Vegas Parano. J’ai l’air d’une droguée, d’une chepère, d’une nan qu’a trop pris, comme vous voulez. La chaleur du soleil me caresse. J’ai légèrement la nausée. Le mal de l’air. Je me suis envolée trop haut. Il faut que je me dépêche, j’ai un train à prendre. J’ai pas envie. Juste envie de me coucher, de fumer une clope et de m’endormir en souriant. Plonger dans des rêves psychédéliques. Cette nuit j’ai compris le sourire des hippies, les trances indiennes, les mandalas, les spirales et les teintures népalaises. Je me suis sentie comme une petite bête sur un ballon d’hélium attaché au sol.

Il est minuit, minuit et demi, qu’importe. J’ai déjà trop bu. On m’offre un joint, deux joints, trois, quatre j’en sais rien. Je me sens bien. A 2h30, on m’annonce que l’infusion est prête. J’en prend un verre. Horrible odeur de champignons. J’aime pas les champignons. Pas grave. Je porte à mes lèvres l’élixir du voyage. Ca n’a pas un si mauvais goût. A vrai dire, le sucre ajouté masque le mauvais goût. C’est chaud, c’est doux. Je vais décoller.

Comme un avion prêt à partir, je m’ébranle. Les tremblements me parcourent le corps. Le froid, le poison qui s’infiltre dans mes veines, l’appréhension ? Un peu des trois probablement.

Ca y est je bascule dans un autre monde. Je m’envole loin au dessus de la réalité. C’est agréable, je ris. Mes compagnons de voyage me rejoignent. On laisse le produit accomplir son mal si paisible. On s’accroche fermement au ballon qui monte, qui monte toujours plus haut, tout en gardant un point d’accroche au monde réel. Je suis sortie de la réalité habituelle, la vue se déforme, la lumière se décompose en pixel, le plafond blanc devient un tapis mouvant de micro-mandalas surcolorés. C’est beau. Je tripe. On tripe. Ceux qu’on a laissé sur la terre ferme veulent dormir. Nous, on veut découvrir le monde extérieur. Une bouteille de Coca, un paquet de tabac, on part explorer les rues de Grenoble. Il est 4h et demi du matin. Ou peut-être 6h. Aucune idée. Tout nous parait extraordinaire. On philosophe, on rigole, on tape des délires de fou. Sans jamais s’éloigner à plus de 500 mètres de la maison ! Il y a trop à voir à proximité.

Grenoble s’éveille. Les premières voitures passent, puis le premier tram, les premiers piétons. Il y a la France qui se lève tôt, nous, on représente la France qui se couche très très tard. On commence à fatiguer. On rentre discrètement. Alors qu’on se glisse à trois dans un lit, un instant de lucidité me fait penser au réveil. Je dois être à Lyon cinq heures plus tard. C’est particulier ces petits mush’ : on a beau être complètement ailleurs, si on veut dire ou faire quelque chose de sérieux, on peut, de surcroît en ayant l’air net ! Même si trois secondes plus tard on est de nouveau dans notre monde. C’est ce que j’appelle le fil de la réalité. Moi, petite bête sur le ballon perché, je peux redescendre quelques instant sur la terre ferme. Pour mieux remonter.

J’ai du mal à dormir. Mon cerveau s’active trop. Je comate une petite heure et le éveil sonne. Je saute du lit, prend mon sac et descend au tramway. J’ai les pupilles encore dilatées, les yeux cernés. A l’arrêt, je tremblote de froid, j’ai des absences, je met presque une minute à entendre la sonnerie du portable qui hurle dans ma poche. De quoi ai-je l’air ? Je m’en fous, je snobe le monde réel. Il fait grand beau, le soleil éclaire les montagnes et fait briller la rosée sur les feuilles jaunies des arbres.

En tailleur dans le plus simple appareil, me nourrissant de fruits assise sur mon lit, un beau matin d’automne, en lendemain d’un trip naturel aux produits chamaniques, je suis ni une junkie, ni un dieu, ni une loque. Juste une nénette ayant célébrer l’été indien.

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Commentaires
S
Il était une fois, un jeune homme, par une douce après midi d'automne, lisait ces quelques mots. Merci pour ce récit plein de douceur et plein de douces saveurs.
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